LES CHALDEENS AUX JMJ

Discours du Pape Benoît XVI lors de la fête de l'accueil des jeunes

Premier message de Benoît XVI aux jeunes Pour sa première rencontre avec des dizaines de milliers de jeunes catholiques réunis dans la capitale australienne pour les XXIIIes Journées mondiales de la jeunesse, Benoît XVI est arrivé en bateau. Tout un symbole dans cette ville portuaire, porte ouverte vers le reste du monde. A Rose Bay plus de 500 personnes sont montées sur le bateau, aux cotés du Pape. Parmi eux des jeunes représentants de l’Australie et des cinq continents, ainsi que 62 évêques australiens et des cardinaux. Après 45 minutes de navigation, le bateau du Pape est arrivé au quai de Barangaroo, où l’attendaient des milliers de jeunes. Benoît XVI a fait quelques centaines de mètres en papamobile pour rejoindre l’estrade, acclamé par les jeunes. La cérémonie d’accueil a été animée par des chants et des danses aborigènes, auxquels l’Eglise australienne a voulu accorder la place qui lui revient. Les aborigènes, symboles de la souffrance endurée, de la discrimination, symboles aujourd’hui de la réconciliation, du respect mutuel, de la cohabitation pacifique, du respect de l’environnement naturel. Et dans son premier discours aux jeunes, Benoît XVI n’a pas manqué de dénoncer les dégâts causés à la terre et à l'humanité pour alimenter un esprit de consommation insatiable: l’exploitation sans frein des ressources de la planète, l’érosion, la déforestation. Le Pape a, par ailleurs, mis en garde les jeunes contre le relativisme et les fausses idoles, l'abus d'alcool et de drogue, l'exaltation de la violence et la dégradation de la sexualité, qui sont souvent présentés par la télévision et par Internet comme un divertissement. Le Pape a relevé que la liberté et la tolérance sont très souvent séparées de la vérité. "Quand Dieu est éclipsé - a-t-il expliqué - notre capacité à reconnaître l'ordre naturel, l'objectif et le bien commence à s'éclipser ». (Radio Vatican) Texte intégral ci-dessous, les intertitres sont ajoutés Discours du Pape Benoît XVI lors de la fête de l'accueil des jeunes Chers amis, Quelle joie de pouvoir vous saluer ici, à Barangaroo, sur le rivage de la magnifique baie de Sydney, avec son célèbre pont et le théâtre de l’Opéra. Beaucoup d’entre vous êtes de ce pays, venant de l’intérieur ou des dynamiques communautés multiculturelles des villes d’Australie. D’autres parmi vous, arrivent des îles éparpillées dans l’Océanie, d’autres encore viennent de l’Asie, du Moyen Orient, de l’Afrique et des Amériques. Un certain nombre d’entre vous, à la vérité, est arrivé d’aussi loin que moi, de l’Europe ! Quelque soit le pays dont nous provenons, nous voici finalement ici, à Sydney ! Etnous sommes présents dans ce monde qui est le nôtre comme famille de Dieu, comme disciples du Christ, confirmés par son Esprit pour être les témoins de son amour et de sa vérité devant tous. Je désire tout d’abord remercier les Anciens des Aborigènes qui m’ont donné la bienvenue avant mon embarquement sur le bateau à la Rose Bay. Je suis profondément ému de me trouver sur votre terre, connaissant toutes les souffrances et les injustices qu’elle a supportées, mais conscient aussi du redressement et de l’espérance, actuellement en cours, dont tous les citoyens australiens peuvent être fort justement fiers. Aux jeunes indigènes – aborigènes et habitants des Îles du Détroit de Torres -, et aux jeunes des Tokelau, j’exprime mes remerciements pour leur touchante manifestation de bienvenue. Par votre intermédiaire, j’adresse mes salutations cordiales à vos peuples. Universalité du christianisme Monsieur le Cardinal Pell, Monsieur le Cardinal Ryłko, Monseigneur l’Archevêque Wilson : je vous remercie de vos chaleureuses paroles de bienvenue. Je sais que vos sentiments trouvent un écho dans le cœur des jeunes réunis ici, ce soir, et je vous en remercie donc tous, déclare Benoît XVI. J’ai sous les yeux une image vibrante de l'Église universelle. La diversité des nations et des cultures dont vous provenez montre que véritablement la Bonne Nouvelle du Christ est pour tous et pour chacun ; elle a atteint les extrémités de la terre. Et cependant, je sais aussi qu’un bon nombre parmi vous est encore à la recherche d’une patrie spirituelle. Quelques-uns d’entre vous – et ils sont tout à fait les bienvenus parmi nous - ne sont pas catholiques ni chrétiens. D’autres, peut-être, se tiennent aux frontières de la vie de leur paroisse et de l'Église. Je désire leur offrir mes encouragements : approchez-vous des bras pleins d’amour du Christ ; reconnaissez en l'Église votre maison ! Personne n’est obligé de rester à l’extérieur, car depuis le jour de la Pentecôte, l'Église est une et universelle. Ce soir, je désire aussi associer ceux qui ne sont pas présents au milieu de nous. Je pense spécialement aux malades ou aux handicapés mentaux, aux jeunes qui sont en prison, à ceux qui connaissent des situations difficiles en marge de nos sociétés et à ceux qui, pour une raison ou une autre se sentent loin de l'Église. À chacun, je dis : Jésus est proche de toi ! Fais l’expérience de son étreinte qui guérit, de sa compassion et de sa miséricorde ! L'exemple des Apôtres contre la perversité de la culture d'alors Il y a presque deux mille ans, les Apôtres, réunis à l’étage de la maison, avec Marie (cf. Ac 1, 14) et avec quelques femmes fidèles, furent remplis de l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 4). En cet instant extraordinaire, qui manifesta la naissance de l’Église, le trouble et la peur qui avaient saisi les Disciples du Christ, se sont transformées en une vigoureuse conviction, et en une prise de conscience d’un objectif. Ils se sentirent poussés à parler de leur rencontre avec Jésus ressuscité, que désormais, ils appelaient affectueusement le Seigneur. À bien des égards, les Apôtres étaient des personnes ordinaires. Aucun d’eux ne pouvait prétendre qu’il était un disciple parfait. Ils n’avaient pas su reconnaître le Christ (cf. Lc 24, 13-32), ils avaient dû rougir de leur ambition (cf. Lc 22, 24-27), ils l’avaient même renié (cf. Lc 22, 54-62). Et pourtant, quand ils furent remplis de l’Esprit Saint, ils furent transpercés par la vérité de l’Évangile du Christ et ils se sentirent poussés à le proclamer sans crainte. Rassurés, ils s’écrièrent : repentez-vous, faites-vous baptiser, recevez l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 37-38) ! Fondée sur l’enseignement des Apôtres et y adhérant, rompant le pain et priant(cf. Ac 2, 42), la jeune communauté chrétienne se leva pour s’opposer à la perversité de la culture qui l’entourait(cf. Ac 2, 40), pour prendre soin de ses propres membres (cf. Ac 2, 44-47), pour défendre sa foi en Jésus face aux oppositions (cf. Ac, 4, 33)et pour guérir les malades (cf. Ac 5, 12-16). Et, obéissant au commandement du Christ lui-même, ils partirent, rendant témoignage à la plus grande histoire de tous les temps : que Dieu s’est fait l’un de nous, que le divin est entré dans l’histoire humaine pour la transformer, et que nous sommes appelés à nous immerger dans l’amour salvifique du Christ qui triomphe du mal et de la mort. Dans son célèbre discours à l’aréopage, saint Paul introduisit ainsi le message : Dieu donne toute chose à chacun, y compris le souffle et la vie, afin que toutes les Nations puissent le chercher, si jamais, marchant à tâtons, elles arrivent à le trouver. En effet, il n’est pas loin de chacun de nous, puisque en lui il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d’exister (cf. Ac 17, 25-28). Hommage aux nations missionnaires Depuis lors, des hommes et des femmes se sont mis en route pour raconter la même aventure, rendant témoignage à l’amour et à la vérité du Christ et prenant part à la mission de l'Église. Aujourd’hui, nous pensons à ces pionniers – prêtres, religieuses, religieux – qui sont arrivés sur ces rivages et dans d’autres parties du Pacifique, venant d’Irlande, de France, de Grande-Bretagne et d’autres régions d’Europe. Pour la plupart, ils étaient jeunes, quelques-uns n’avaient même pas vingt ans, et lorsqu’ils prirent congé pour toujours de leurs parents, de leurs frères et sœurs, de leurs amis, ils savaient bien qu’il leur aurait été improbable de revenir chez eux. Leurs vies furent un témoignage chrétien dépourvu de tout intérêt égoïste. Ils devinrent d’humbles mais tenaces constructeurs d’une grande partie de l’héritage social et spirituel qui, de nos jours encore, est porteur de bonté, de compassion et de finalité pour ces nations. Et ils furent capables d’inspirer une autre génération. Il nous vient immédiatement à l’esprit la foi qui a soutenu la bienheureuse Mary MacKillop dans sa forte détermination à éduquer les pauvres en particulier, et le bienheureux Peter To Rot, ferme dans sa conviction que celui qui est à la tête d’une communauté doit toujours se référer à l’Évangile. Eloge de la piété filiale Pensez aussi à vos grands-parents et à vos parents, qui furent vos premiers maîtres dans la foi ! Eux aussi ont fait d’innombrables sacrifices de temps et d’énergie par amour pour vous. Avec le soutien des prêtres et des enseignants de votre paroisse, ils ont le devoir, pas toujours facile mais hautement gratifiant, de vous guider vers tout ce qui est bon et vrai, par leur exemple personnel, par leur manière d’enseigner et de vivre la foi chrétienne. Crainte révérencielle devant les beautés de la Création Aujourd’hui, c’est mon tour. Certains peuvent avoir l’impression d’être arrivés à l’extrémité du monde ! Pour les personnes de votre âge, de toute façon, chaque vol aérien est une perspective attrayante. Mais, pour moi, ce vol a été dans une certaine mesure cause d’appréhensions. Pourtant, d’en haut, la vue de notre planète fut quelque chose de vraiment magnifique. Le miroitement de la Méditerranée, la magnificence du désert nord africain, la forêt luxuriante de l’Asie, l’immensité de l’Océan Pacifique, l’horizon sur la ligne duquel le soleil se lève et se couche, la splendeur majestueuse de la beauté naturelle de l’Australie, dont j’ai pu jouir au cours des deux derniers jours ; tout cela suscite un profond sentiment de crainte révérencielle. C’est comme si nous capturions de rapides images sur l’histoire de la création racontée dans la Genèse : la lumière et les ténèbres, le soleil et la lune, les eaux, la terre et les créatures vivantes. Tout cela est « bon » aux yeux de Dieu (cf. Gn 1, 1-2, 4). Plongés dans une telle beauté, comment ne pas faire écho aux paroles du Psalmiste quand il loue le Créateur : « Qu’il est grand ton nom par toute la terre » (Ps 8, 2) ? Au cœur de la Création: la famille humaine Mais il y a bien plus encore, quelque chose que, du ciel, il nous est difficile de percevoir : des hommes et des femmes créés rien que moins à l’image et à la ressemblance de Dieu(cf. Gn 1, 26). Au cœur de la merveille de la création, nous nous trouvons, vous et moi, la famille humaine « couronnée de gloire et d’honneur » (cf. Ps 8, 6). Quelle merveille ! Avec le psalmiste, nous murmurons : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? » (cf. Ps 8, 5). Introduits dans le silence, pleins de reconnaissance et par la puissance de la sainteté, nous réfléchissons. Que découvrons-nous ? Peut-être à contrecœur arrivons-nous à admettre que des plaies marquent aussi la surface de la terre : l’érosion, la déforestation, le gaspillage des ressources minérales et marines et ce, pour alimenter un besoin de consommation insatiable. Certains d’entre vous proviennent d’îles-États, dont l’existence elle-même est menacée par l’élévation du niveau des eaux ; d’autres viennent de nations qui souffrent des effets dévastateurs de la sécheresse. La merveilleuse création de Dieu est parfois vécue comme une réalité quasi hostile pour ses gardiens, et même comme quelque chose de dangereux. Comment ce qui est « bon » peut-il apparaître aussi menaçant ? Il y a plus. Que dire de l’homme, sommet de la création de Dieu ? Chaque jour, nous touchons du doigt le génie des conquêtes humaines. Des progrès des sciences médicales et de l’application intelligente de la technologie à la créativité exprimée dans les arts, la qualité et la satisfaction de la vie des gens s’améliorent constamment de nombreuses manières. Vous êtes vous aussi sans cesse prêts à accueillir les innombrables opportunités qui vous sont offertes. Certains d’entre vous excellent dans les études, dans le sport, dans la musique ou dans la danse et le théâtre, d’autres parmi vous ont un sens aigu de la justice sociale et de l’éthique, et beaucoup d’entre vous s’engagent pour un temps de service et de volontariat. Nous tous, jeunes et vieux, nous connaissons des moments où la bonté naturelle de la personne humaine – perceptible, par exemple, à travers le geste d’un petit enfant ou l’ouverture au pardon d’un adulte – nous remplit profondément de joie et de gratitude. Le rôle de la Télévision et d'Internet dans la dégradation du tissu humain Toutefois, ces moments ne durent pas longtemps. Réfléchissons donc encore. Nous découvrons que non seulement le milieu naturel, mais aussi le milieu social – l’habitat que nous nous créons nous-mêmes – a ses cicatrices ; ce sont des blessures qui montrent que quelque chose ne va pas. Là aussi dans nos vies personnelles et dans nos communautés, nous pouvons rencontrer des hostilités, parfois même dangereuses ; comme un poison qui menace de corroder ce qui est bon, de remanier ce que nous sommes et de nous détourner du but pour lequel nous avons été créés. Les exemples ne manquent pas, vous le savez bien. Parmi les plus évidents, se trouvent l’abus d’alcool et de drogue, l’exaltation de la violence et la dégradation de la sexualité, qui sont souvent présentés par la télévision et par Internet comme un divertissement. Je me demande comment peut-on expliquer aux personnes qui sont réellement victimes de violences et d’abus sexuels que ces tragédies, reproduites sous forme virtuelle, doivent être considérées comme un simple « divertissement » ! Le couple liberté/vérité: union et non divorce Il y a aussi quelque chose de sinistre qui découle du fait que la liberté et la tolérance sont très souvent séparées de la vérité. Cela est alimenté par l’idée, largement diffusée aujourd’hui, qu’aucune vérité absolue ne peut guider nos vies. Le relativisme, en donnant une valeur quasi indistincte à toute chose, a rendu l’« expérience » plus importante que tout. En réalité, les expériences, sans tenir compte de ce qui est bon et vrai, peuvent conduire non pas à une liberté authentique, mais au contraire, à une confusion morale ou intellectuelle, à un affaiblissement des principes, à la perte de la propre estime, et même au désespoir. Ne pas se laisser réduire au rôle de consommateur Chers amis, la vie n’est pas réglée par le hasard, elle n’est pas accidentelle. Votre existence personnelle a été voulue par Dieu, bénie par Lui et il lui a été donné un but (cf. Gn 1, 28) ! La vie n’est pas une simple succession de faits et d’expériences, même si de tels événements peuvent être utiles. Elle est une recherche de ce qui est vrai, bien et beau. C’est précisément en vue de tels objectifs que nous accomplissons nos choix, que nous exerçons notre liberté et en cela, c’est-à-dire en ce qui est vrai, bien et beau, nous trouvons le bonheur et la joie. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui voient en vous de simples consommateurs sur un marché offrants de multiples possibilités, où le choix en lui-même devient le bien, la nouveauté se fait passer pour beauté, l’expérience subjective remplace la vérité. Le Christ offre davantage ! Bien plus, il offre tout ! Seulement Lui, qui est la Vérité, peut être le chemin et donc aussi la Vie. Ainsi, le « chemin », que les Apôtres portèrent jusqu’aux extrêmes limites de la terre, est la vie en Christ. C’est la vie de l’Église. Et l’entrée dans cette vie, dans la vie chrétienne, se fait par le Baptême. Le sens du baptême Ce soir, je désire donc rappeler brièvement quelques aspects de notre compréhension du Baptême, avant de parler, demain, de l’Esprit Saint. Le jour de votre Baptême, Dieu vous a introduits dans sa sainteté (cf. 2 Pt 1, 4). Vous avez été adoptés comme fils et filles du Père et vous avez été incorporés en Christ. Vous êtes devenus la demeure de son Esprit (cf. 1 Co 6, 19). Le Baptême n’est pas un achèvement ni une récompense : c’est une grâce, c’est l’œuvre de Dieu. C’est pourquoi, vers la fin du rite du Baptême, le prêtre s’est tourné vers vos parents et vers les participants, et, en vous appelant par votre nom, il a dit : « Tu es devenu une créature nouvelle » (Rite du Baptême, 99).
Dieu ne peut être exclu de la vie publique
Chers amis, chez vous, à l’école, à l’université, sur vos lieux de travail et de détente, rappelez-vous que vous êtes des créatures nouvelles ! Ne restez pas seulement pleins d’émerveillement devant le Créateur, vous réjouissant de ses œuvres, mais rappelez-vous que le fondement assuré de la solidarité humaine repose dans l’origine commune de toute personne, sommet du dessein créateur de Dieu sur le monde. En tant que chrétiens, vous vivez dans ce monde tout en sachant que Dieu a un visage humain – Jésus Christ – le « chemin » qui satisfait toute aspiration humaine, et la « vie », de laquelle nous sommes appelés à rendre témoignage, en marchant toujours dans sa lumière (cf. ibidem, 100). Être témoin n’est pas une tâche facile. Beaucoup prétendent aujourd’hui que Dieu doit être laissé de côté et que la religion et la foi, acceptables sur le plan individuel, doivent être, ou exclues de la vie publique, ou utilisées uniquement pour poursuivre des objectifs pragmatiques limités. Cette vision sécularisée tente d’expliquer la vie humaine et de modeler la société en se référant peu ou sans se référer du tout au Créateur. Il est présenté comme une force neutre, impartiale et respectueuse de chacun. L'idéologie du sécularisme En réalité, comme toute idéologie, le sécularisme impose une vision globale. Si la présence de Dieu est insignifiante dans la vie publique, alors la société pourra être modelée d’après une image dépourvue de Dieu, et le débat et la politique concernant le bien commun seront menés davantage à la lumière des conséquences que des principes enracinés dans la vérité. Toutefois l’expérience montre que l’éloignement du dessein de Dieu créateur provoque un désordre qui a d’inévitables répercussions sur le reste de la création (cf. Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1990, 5). Quand Dieu est éclipsé, notre capacité de reconnaître l’ordre naturel, le but et le « bien » commence à s’évanouir. Ce qui avec ostentation a été promus comme conquête de l’intelligence humaine, s’est bien vite manifesté comme folie, avidité et exploitation égoïste. C’est ainsi que nous nous sommes rendu toujours plus compte qu’il est nécessaire d’être humbles face à la complexité délicate du monde de Dieu. Et que dire de notre milieu social ? Sommes-nous également attentifs aux avertissements qui nous sont lancés parce que nous avons tournés le dos à la structure morale dont Dieu a doté l’humanité (cf. Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2007, 8) ? Savons-nous reconnaître que la dignité innée de tout individu s’appuie sur son identité la plus profonde, étant image du Créateur, et que, par conséquent, les droits humains sont universels et se basent sur la loi naturelle, et qu’ils ne dépendent ni des négociations ni de la condescendance, et bien moins encore des compromis ? C’est ainsi que nous sommes amenés à réfléchir sur la place qu’occupent dans nos sociétés les indigents, les personnes âgées, les immigrés, les sans-voix. Comment se fait-il que la violence domestique tourmente tant de mères et d’enfants ? Comment se fait-il que l’espace humain, le plus beau et le plus sacré qu’est le sein maternel, soit devenu un lieu de violence indicible ? Le monde aspire à autre chose Chers amis, la création de Dieu est unique et elle est bonne. Les préoccupations au sujet de la non-violence, du développement durable, de la justice et de la paix, de la protection de notre environnement sont d’une importance vitale pour l’humanité. Tout cela, cependant, ne peut être compris sans une profonde réflexion sur la dignité innée de toute vie humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle, dignité qui est conférée par Dieu lui-même et qui est, par conséquent, inviolable. Notre monde en a assez de l’avidité, de l’exploitation et de la division, de l’ennui des fausses idoles et des réponses partielles, ainsi que des fausses promesses. Notre cœur et notre esprit aspirent à une vision de la vie où règne l’amour, où les dons sont partagés, où l’unité se construit, où la liberté trouve sa propre signification dans la vérité, et où l’identité se trouve dans une communion respectueuse. C’est là l’œuvre de l’Esprit Saint ! C’est là l’espérance qu’offre l’Évangile de Jésus Christ ! C’est pour rendre témoignage à cette réalité que vous avez été recréés par le Baptême et affermis par les dons de l’Esprit, reçus à la Confirmation. Voilà le message que, de Sydney, vous portez au monde ! Chers jeunes francophones, poussés par le désir d’approfondir votre foi, vous êtes venus des extrémités de la terre pour vivre à Sydney l’expérience unique et communautaire d’une rencontre privilégiée avec le Seigneur. C’est l’Esprit Saint qui vous a rassemblés ici. puisse-t-Il vous permettre d'expérimenter sa présence dans votre cœur et vous pousser à rendre témoignage avec ardeur de Jésus-Christ mort et ressuscité pour vous!



Homélie de Benoît XVI pour la veillée à Randwick

 19 juil, 2008 • Catégorie: Textes officiels

Chers jeunes, Une fois de plus ce soir, nous avons entendu la grande promesse du Christ – « vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous ». Et nous avons entendu son appel – « soyez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre » – (Actes 1,8). Ce sont les tout derniers mots de Jésus avant son Ascension au ciel. Nous ne pouvons qu’imaginer ce que ressentirent alors les disciples en les entendant. Mais nous savons que leur grand amour pour Jésus et leur confiance dans ses paroles les inspirèrent à se réunir et à attendre ; à attendre non pas sans raison, mais ensemble, unis dans la prière, dans la chambre haute, avec les femmes et Marie (cf. Actes 1,14). Ce soir, nous faisons de même. Rassemblés devant la Croix qui a parcouru le monde et l’icône de Marie, et sous la magnifique constellation de la Croix du Sud, nous prions. Ce soir, je prie pour vous et les jeunes du monde entier. Soyez inspirés par l’exemple de vos Patrons ! Acceptez dans le cœur et l’esprit les sept dons de l’Esprit Saint ! Reconnaissez et croyez en la force de l’Esprit dans votre vie ! Jeudi, nous évoquions l’unité et l’harmonie de la création de Dieu et notre place au sein de cette création. Nous rappelions comment, dans le don du baptême, nous, qui sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, sommes renés à la vie, que nous sommes devenus les enfants adoptifs de Dieu, une nouvelle création. C’est donc en enfants de la lumière du Christ, symbolisée par la flamme des bougies que vous tenez, que nous témoignons dans notre monde du rayonnement que les ténèbres ne peuvent vaincre (cf. Jn 1:5). Ce soir, nous tournons notre attention sur comment devenir des témoins. Nous devons pour cela comprendre la personne de l’Esprit Saint et sa présence vivifiante dans notre vie. Ce n’est pas quelque chose de facile à saisir. En effet, la variété des images utilisées dans les Écritures pour faire référence à l’Esprit – vent, feu, souffle – indique notre difficulté à en formuler un entendement. Cependant, nous savons que c’est l’Esprit Saint qui, bien que silencieux et invisible, donne la direction et la définition de notre témoignage de Jésus Christ. Vous êtes déjà bien conscients du fait que notre témoignage chrétien est offert à un monde fragile sous bien des aspects. L’unité de la création de Dieu est affaiblie par des blessures qui sont particulièrement profondes lorsque les rapports sociaux se disjoignent ou que l’esprit humain est écrasé dans l’exploitation et l’abus de la personne. La société d’aujourd’hui subit un processus de fragmentation à cause d’un mode de pensée qui, par essence, ne voit pas loin parce qu’il ne tient pas compte de l’horizon entier de la vérité, la vérité sur Dieu et sur nous. Par nature, le relativisme ne parvient pas à voir tout le tableau. Il ignore les principes même qui nous permettent de vivre et de croître dans l’unité, l’ordre et l’harmonie. Quelle est notre réponse, en tant que témoins chrétiens, à un monde divisé et fragmenté ? Comment peut-on offrir l’espérance de la paix, de la guérison et de l’harmonie à ces “stations” de conflit, de souffrance et de tension que vous avez décidé de traverser avec cette Croix des Journées Mondiales de la Jeunesse ? L’unité et la réconciliation ne peuvent pas être obtenues par nos seuls efforts. Dieu nous a faits l’un pour l’autre (cf. Ge 2,24) et c’est seulement en Dieu et dans son Église que nous pouvons trouver l’unité que nous cherchons. Pourtant, face aux imperfections et aux déceptions, à la fois personnelles et institutionnelles, nous sommes parfois tentés de construire artificiellement une communauté « parfaite ». Cette tentation n’est pas nouvelle. L’histoire de l’Église offre de nombreux exemples de tentatives pour contourner ou outrepasser les faiblesses ou échecs humains afin de créer une unité parfaite, une utopie spirituelle. En réalité de telles tentatives de construire l’unité l’infirment. Séparer l’Esprit Saint du Christ présent dans la structure institutionnelle de l’Église compromettrait l’unité de la communauté chrétienne, qui est précisément le don de l’Esprit ! Cela trahirait la nature de l’Église comme temple vivant du Saint Esprit (cf. 1 Co 3,16). C’est l’Esprit en réalité qui guide l’Église sur la voie de la pleine vérité et qui l’unifie dans la communion et les œuvres du ministère (cf. Lumen Gentium, 4). Malheureusement, la tentation de « faire cavalier seul » persiste. Certaines personnes aujourd’hui parlent de leur communauté locale comme quelque peu séparée de la soi-disant Église institutionnelle, décrivant la première comme flexible et ouverte à l’Esprit et de la dernière comme rigide et privée de l’Esprit. L’unité appartient à l’essence de l’Église (cf. Catéchisme de l’Église catholique, 813); c’est un don que nous devons reconnaître et chérir. Prions ce soir pour la décision de cultiver l’unité : contribuez-y ! Résistez à toute tentation de vous en éloigner ! Car c’est précisément l’ampleur, la vaste vision de notre foi – à la fois solide et ouverte, cohérente et dynamique, vraie et toutefois toujours porteuse d’une connaissance plus approfondie – que nous pouvons offrir à notre monde. Chers jeunes, n’est-ce pas à cause de votre foi que vos amis en difficulté ou cherchant un sens à leur vie s’adressent à vous ? Soyez vigilants ! Écoutez ! Dans les dissonances et les divisions de notre monde, pouvez-vous entendre la voix concordante de l’humanité ? De l’enfant abandonné du Darfour, de l’adolescent délinquant, du parent anxieux, voire du plus profond de votre cœur, émerge le même cri humain qui aspire à la reconnaissance, à l’appartenance, à l’unité. Qui comble le désir humain fondamental d’être un, d’être immergé dans la communion, d’être édifié, d’être conduit à la vérité ? L’Esprit Saint ! C’est le rôle de l’Esprit : apporter l’accomplissement à l’action du Christ. Riches des dons de l’Esprit, vous aurez la force d’aller au-delà du partiel, de l’utopie vide, du fugace, pour offrir la cohérence et la certitude du témoignage chrétien ! Mes amis, lorsque nous récitons le Crédo, nous affirmons : « Nous croyons en l’Esprit Saint, le Seigneur qui donne la vie ». L’ « Esprit créateur » est la force de Dieu qui donne la vie à toute la création et la source d’une vie nouvelle en abondance dans le Christ. L’Esprit maintient l’Église unie au Seigneur et fidèle à la tradition apostolique. Il inspira les Saintes Écritures et il guide le peuple de Dieu à la plénitude de la vérité (cf. Jn 16,13). Dans tous ces cas, l’Esprit est celui « qui donne la vie », qui nous conduit au cœur même de Dieu. Par conséquent, plus nous laissons l’Esprit nous diriger, plus parfaite sera notre configuration au Christ et plus profonde notre immersion dans la vie du Dieu trinitaire. Cette participation à la nature même de Dieu (cf. 2 P 1,4) survient dans le quotidien de notre vie, dans laquelle il est toujours présent (cf. Ba 3,38). Il y a des moments, cependant, où nous pouvons être tentés de chercher une certaine satisfaction en dehors de Dieu. Jésus lui-même demanda aux Douze : « Voulez-vous partir vous aussi ? ». Un tel écart offre peut-être l’illusion de la liberté. Mais où cela mène-t-il ? À qui aurions-nous ? Car nous savons au fond de notre cœur que seul le Seigneur a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,67-68). Se détourner de lui n’est qu’une tentative futile pour échapper à nous-mêmes (cf. Saint Augustin, Confessions VIII, 7). Dieu est avec nous dans la réalité de la vie et non pas dans le fantasme ! Affronter la réalité et non la fuir, c’est cela que nous recherchons ! Ainsi l’Esprit Saint, doucement mais sûrement, nous réoriente vers ce qui est réel, ce qui dure, ce qui est vrai. C’est l’Esprit qui nous ramène dans la communion de la Sainte Trinité ! Le Saint Esprit est sous plusieurs aspects la Personne délaissée de la Sainte Trinité. Une claire compréhension de l’Esprit semble presque hors de notre portée. Lorsque j’étais un petit garçon, mes parents, comme les vôtres, m’ont enseigné le Signe de Croix. J’ai donc vite fini par réaliser qu’il y a une Dieu unique en trois Personnes et que la Trinité est au cœur de la foi et de la vie chrétienne. En grandissant et approfondissant ma connaissance de Dieu le Père et le Fils – dont les noms signifiaient déjà beaucoup – ma connaissance de la troisième personne de la Trinité restait incomplète. Par conséquent, comme jeune prêtre enseignant la théologie, j’ai décidé d’étudier les témoins remarquables de l’Esprit dans l’histoire de l’Église. C’est sur ce chemin que je me suis retrouvé à lire entre autres le grand St Augustin. Sa compréhension de l’Esprit Saint se développa progressivement ; ce fut un combat. Jeune homme, il avait été un disciple du manichéisme, l’une des tentatives mentionnées précédemment de créer une utopie spirituelle en séparant de manière radicale les choses de l’esprit et celles de la chair. C’est pour cette raison qu’il se méfia au début de l’enseignement chrétien sur l’incarnation de Dieu. Pourtant, son expérience de l’amour de Dieu présent dans l’Église l’amena à faire des recherches sur la source de l’amour dans la vie du Dieu trinitaire. Ceci l’amena à trois conclusions sur l’Esprit Saint comme le véhicule de l’unité au sein de la Sainte Trinité : unité comme communion, unité comme amour durable, et unité comme action de donner et don. Ces trois points ne sont pas seulement théoriques. Ils contribuent à expliquer comme agit l’Esprit. Dans un monde où les individus comme les communautés souffrent souvent d’une absence d’unité ou de cohésion, ces points nous aident à rester à l’écoute de l’Esprit et à élargir et clarifier la portée de notre témoignage. Donc, avec l’aide d’Augustin, cherchons à illustrer l’action du Saint-Esprit. Il remarqua que les deux mots « Saint » et « Esprit » renvoient à ce qui appartient à la nature divine, en d’autres termes ce qui est partagé par le Père et le Fils – leur communion. Par conséquent, si la caractéristique propre à l’Esprit Saint est d’être ce qui est partagé entre le Père et le Fils, Augustin en conclut que la qualité particulière de l’Esprit Saint est l’unité. C’est l’unité d’une communion vécue : une unité de personnes dans une relation de don permanent, le Père et le Fils se donnant l’un à l’autre. Nous commençons à apercevoir, je pense, combien est éclairante la compréhension de l’Esprit Saint comme unité, comme communion. La vraie unité ne pourrait jamais être fondée sur des relations niant l’égale dignité des autres personnes. L’unité n’est pas non plus la somme des groupes par lesquels nous sommes parfois tentés de nous définir. En réalité, c’est seulement dans la vie de communion que l’unité se maintient et que l’identité humaine se réalise pleinement : nous reconnaissons le besoin commun de Dieu, nous répondons à la présence unificatrice du Saint Esprit, et nous nous donnons l’un à l’autre dans le service. Le deuxième point d’Augustin – c’est-à dire l’Esprit Saint comme amour perpétuel –vient de son étude de la première lettre de Saint Jean. Jean mous dit que « Dieu est amour » (1 Jn 4,16). Augustin suggère que, si ces mots renvoient à la Trinité comme un tout, ils expriment toutefois une caractéristique particulière du Saint-Esprit. En réfléchissant sur la nature durable de l’amour – « Celui qui demeure dans l’Amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. » (ibid.) – il se demanda : est-ce l’Amour ou l’Esprit Saint qui garantit le don durable ? Et voici la conclusion à laquelle il parvint : « Ainsi l’Esprit Saint, que Dieu nous a donné, fait que nous demeurons en Dieu et Dieu en nous. Or c’est là l’effet de l’Amour. » (De Trinitate, 15.17.31). C’est une belle explication : Dieu se partage comme amour dans l’Esprit Saint. Quoi d’autre pouvons-nous savoir sur la base de cette conclusion ? L’amour est le signe de la présence de l’Esprit Saint ! Les idées ou les voix qui manquent d’amour - même si elles paraissent sophistiquées ou savantes – ne peuvent pas être « de l’Esprit ». En outre, l’Amour a un trait particulier : loin d’être indulgent ou inconstant, il a une tâche ou un but à accomplir : demeurer. Par sa nature, l’Amour ne passe pas. Encore une fois, chers amis, nous avons un autre aperçu sur combien l’Esprit Saint donne à notre monde : l’amour qui chasse le doute ; l’amour qui vainc la peur de la trahison ; l’amour qui porte l’éternité en lui ; la vérité qui nous attire dans une unité qui dure. Le troisième point – le Saint Esprit comme don – Augustin la tire d’une méditation d’un passage de l’Évangile que nous connaissons tous et aimons : la conversation de Jésus avec la samaritaine au puits. Dans ce passage, Jésus se révèle comme la source d’eau vive (cf. Jn 4,10), qui est plus tard définie comme le Saint-Esprit (cf. Jn 7,39; 1 Co 12,13). L’Esprit est un « don de Dieu » (Jn 4,10) – la source intérieure (cf. Jn 4,14), qui comble notre plus profonde soif et nous guide vers le Père. De cette observation, Augustin conclut que Dieu qui se partage avec nous comme un don est le Saint-Esprit (cf. De Trinitate, 15, 18, 32). Mes amis, nous obtenons encore une fois un aperçu de la Trinité à l’œuvre : l’Esprit Saint est Dieu se donnant éternellement; comme une source intarissable qui ne jaillit de rien moins que Lui-même. Connaissant ce don éternel, nous en venons à voir les limitations de tout ce qui périt, la folie de la mentalité consumériste. Nous commençons à comprendre pourquoi la quête de nouveauté nous laisse insatisfaits et désireux de quelque chose de plus. Ne sommes-nous pas à la recherche d’un don éternel ? D’une source qui ne s’assèchera jamais ? Avec la samaritaine, exclamons nous : Donne moi de cette eau afin que je n’aie plus jamais soif ! (cf. Jn 4,15). Chers jeunes, nous avons vu que c’est le Saint Esprit qui réalise la magnifique communion des croyants en Jésus-Christ. Parce qu’il est à la fois le don et celui qui donne, il est actuellement à l’œuvre en vous. Inspirés par les intuitions de Saint Augustin laissez l’amour unificateur être votre mesure, l’amour qui dure votre défi, et l’amour oblatif votre mission ! Demain, ce même don de l’Esprit va être solennellement donné aux confirmands. Je dirai alors cette prière : « donne leur en plénitude l’Esprit qui reposait sur ton fils Jésus, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de crainte de dieu… et remplis-les de l’esprit d’adoration. » Ces dons de l’Esprit Saint –chacun d’eux étant, comme nous le rappelait Saint François de Salle, une manière de participer à l’amour unique de Dieu –ne sont ni des prix ni des récompenses. Ils sont donnés gratuitement (cf. 1 Co 12,11). Et ils exigent seulement une réponse de la part de celui qui les reçoit : j’accepte ! Nous percevons ici quelque chose du mystère profond qu’est celui d’être chrétien. Ce qui constitue notre foi n’est pas d’abord ce que nous faisons mais ce que nous recevons. Après tout, nombre de personnes généreuses qui ne sont pas chrétiennes peuvent réaliser bien plus que nous. Chers amis, acceptez-vous d’être attirés dans la vie trinitaire de Dieu ? Acceptez-vous d’entrer dans sa communion d’amour ? Les dons de l’Esprit qui agissent en nous donnent direction et définition à notre témoignage. Orientés vers l’unité, les dons de l’Esprit nous rapprochent du Corps tout entier du Christ (cf. Lumen Gentium, 11), nous donnant de meilleurs moyens de construire l’Église dans le but de servir le monde (cf. Ep 4,13). Ils nous appellent à une participation active et joyeuse à la vie de l’Église : en paroisses et dans les mouvements ecclésiaux, dans les cours d’éducation religieuse, dans les aumôneries universitaires et les autres organisations catholiques. Oui, l’Église doit grandir dans l’unité, doit s’affermir dans la sainteté, doit se rajeunir, se renouveler constamment (cf. Lumen Gentium, 4). Mais selon quels critères ? L’Esprit Saint ! Tournez-vous vers lui, chers jeunes, et vous trouverez le vrai sens du renouveau. Ce soir, réunis sous la beauté du ciel étoilé, nos cœurs et nos esprits sont remplis de gratitude envers Dieu pour le merveilleux don de notre foi en la Trinité. Nous nous rappelons nos parents et grands-parents qui ont marché à nos côtés lorsqu’enfants, nous faisions nos premiers pas sur le chemin de la foi. Aujourd’hui, beaucoup d’années plus tard, vous êtes rassemblés comme jeunes adultes avec le successeur de Pierre. Je suis profondément heureux d’être avec vous. Invoquons l’Esprit Saint : il est l’artisan de l’œuvre de Dieu (cf. Catéchisme de l’Église catholique, 741). Laissez ces dons vous modeler. De même que l’Église partage le même voyage que toute l’humanité, vous êtes également appelés à exercer les dons du Saint Esprit à travers les hauts et les bas de votre vie quotidienne. Laissez votre foi mûrir grâce à vos études, votre travail, le sport, la musique et l’art. Qu’elle soit soutenue par la prière et par les sacrements et soit ainsi une source d’inspiration et d’aide pour ceux qui vous entourent. En définitive, la vie ne se résume pas à accumuler ; il s’agit bien plus que d’avoir du succès. Être réellement vivants, c’est être transformés de l’intérieur, ouverts à la force de l’amour de Dieu. En acceptant la force du Saint Esprit vous pouvez à votre tour transformer votre famille, votre communauté, et votre pays. Libérez ces dons ! Laissez la sagesse, l’intelligence, la force, la science et la piété être le signe de votre grandeur ! Cari giovani italiani! Un saluto speciale a tutti voi! Custodite la fiamma che lo Spirito Santo ha acceso nei vostri cuori, perché non abbia a spegnersi, ma anzi arda sempre più e diffonda luce e calore a chi incontrerete sulla vostra strada, specialmente a quanti hanno smarrito la fede e la speranza. La Vergine Maria vegli su di voi in questa notte ed ogni giorno della vostra vita. Chers jeunes de langue française, vous êtes venus prier ce soir l’Esprit-Saint. Sa présence silencieuse en votre cœur vous fera comprendre peu à peu le dessein de Dieu sur vous. Puisse-t-Il vous accompagner dans votre vie quotidienne et vous conduire vers une meilleure connaissance de Dieu et de votre prochain! C’est Lui qui du plus profond de votre être vous pousse vers l’unique Vérité divine et vous fait vivre authentiquement en frères. Einen frohen Gruß richte ich an euch, liebe junge Christen aus den Ländern deutscher Sprache. Der Heilige Geist, der Botschafter der göttlichen Liebe, will in euren Herzen wohnen. Gebt ihm Raum in euch im Hören auf Gottes Wort, im Gebet und in eurer Solidarität mit den Armen und Leidenden. Bringt den Geist des Friedens und der Versöhnung zu den Menschen. Gott, von dem alles Gute kommt, vollende jedes gute Werk, das ihr zu seiner Ehre tut. Queridos amigos, el Espíritu Santo dirige nuestros pasos para seguir a Jesucristo en el mundo de hoy, que espera de los cristianos una palabra de aliento y un testimonio de vida que inviten a mirar confiadamente hacia el futuro. Os encomiendo en mis plegarias, para que respondáis generosamente a lo que el Señor os pide y a lo que todos los hombres anhelan. Que Dios os bendiga Meus queridos amigos, recebei o Espírito Santo, para serdes Igreja! Igreja quer dizer todos nós unidos como um corpo que recebe o seu influxo vital de Jesus ressuscitado. Este dom é maior que os nossos corações, porque brota das entranhas da Santíssima Trindade. Fruto e condição: sentir-se parte uns dos outros, viver em comunhão. Para isso, jovens caríssimos, acolhei dentro de vós a força de vida que há em Jesus. Deixai-O entrar no vosso coração. Deixai-vos plasmar pelo Espírito Santo. And now, as we move towards adoration of the Blessed Sacrament, in stillness and expectation, I echo to you the words spoken by Blessed Mary MacKillop when she was just twenty six years old: “Believe in the whisperings of God to your heart!”. Believe in him! Believe in the power of the Spirit of Love!



Homélie du Saint Père à Randwick

• 20 juil, 2008 • Catégorie: A la une, Textes officiels Chers amis, « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous » (Actes 1,8). Nous avons vu cette promesse s’accomplir ! Le jour de la Pentecôte, comme nous l’entendions dans la première lecture, le Seigneur ressuscité, assis à la droite du Père, envoya l’Esprit sur les disciples réunis dans la chambre haute. Avec la force de cet Esprit, Pierre et les apôtres partirent annoncer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la Terre. À travers les âges, dans toutes les langues, l’Église dans le monde entier continue à proclamer les merveilles de Dieu et à appeler tous les peuples et nations à la foi, à l’espérance et à une vie nouvelle dans le Christ. Je suis venu en ces jours, en tant que successeur de Saint Pierre, dans ce magnifique pays qu’est l’Australie. Je suis venu, mes jeunes frères et sœurs, pour vous conforter dans votre foi et pour vous encourager à ouvrir votre cœur à la force de l’Esprit du Christ et à la richesse de ses dons. Je prie que cette belle assemblée, qui unit des jeunes « de toutes les nations qui sont sous le ciel » (cf. Actes 2,5), soit une nouvelle chambre haute. Puisse le feu de l’Amour de Dieu descendre remplir votre cœur, vous unisse toujours plus étroitement au Seigneur et à son Église, et vous envoie de l’avant, nouvelle génération d’apôtres, pour mener le monde à Dieu. « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous ». Ces mots du Seigneur ressuscité prennent un sens particulier pour les jeunes qui vont être confirmés, marqués du don de l’Esprit Saint, à la messe d’aujourd’hui. Mais ils sont également adressés à chacun d’entre nous – à tous ceux qui ont reçu, dans le baptême, le don de l’Esprit de la réconciliation et d’une vie nouvelle, qui l’ont accueilli dans leur cœur le jour de leur confirmation comme leur soutien et leur guide, et qui grandissent chaque jour dans ses dons de grâce par la Sainte Eucharistie. À chaque messe en effet, le Saint Esprit descend à nouveau, invoqué par la prière solennelle de l’Église, non seulement pour transformer nos offrandes du pain et du vin en corps et sang du Seigneur, mais aussi pour transformer nos vies, pour faire de nous, par sa force, « un seul corps, un seul esprit dans le Christ ». Mais quelle est cette « force » de l’Esprit Saint ? C’est la force de la vie divine ! C’est la force de ce même esprit qui plana sur les eaux à l’aube de la création et qui, quand vint la plénitude des temps, ressuscita Jésus des morts. C’est la force qui nous montre, à nous et à notre monde, la venue du Royaume de Dieu. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus déclare qu’un nouvel âge a commencé, dans lequel l’Esprit Saint sera déversé sur toute l’humanité. (cf. Luc 4:21). Il est venu lui-même parmi nous pour nous donner cet Esprit. Comme la source de notre vie nouvelle dans le Christ, le Saint Esprit est aussi, d’une manière très réelle, l’âme de l’Église, l’Amour qui nous unit au Seigneur et les uns avec les autres, et la lumière qui nous ouvre les yeux pour voir tout autour de nous les merveilles de la grâce de Dieu. Ici en Australie, cette grande « terre australe du Saint Esprit », nous avons tous eu une expérience inoubliable de la présence et de la force de l’Esprit dans la beauté de la nature. Nos yeux ont été ouverts pour voir le monde qui nous entoure tel qu’il est réellement : « chargé » comme dit le poète « de la grandeur de Dieu », rempli de la gloire de son amour créateur. Ici aussi, dans cette grande assemblée de jeunes chrétiens du monde entier, nous avons eu une expérience intense de la présence et de la force du Saint-Esprit dans la vie de l’Église. Nous avons vu l’Église telle qu’elle est réellement : le Corps du Christ, une communauté d’amour vivante, embrassant des gens de toutes races, pays et langues, de tous temps et de tous lieux, dans l’unité née de notre foi dans le Christ ressuscité. La force de l’Esprit ne cesse jamais de remplir l’Église de vie ! Par la grâce des sacrements de l’Église, cette force circule au plus profond de notre être, comme une rivière souterraine qui nourrit notre esprit et nous attire toujours plus près de la source de la vraie vie : le Christ. Saint Ignace d’Antioche, qui est mort martyr à Rome au début du second siècle, nous a laissé une splendide description de la force de l’Esprit demeurant en nous. Il parlait de l’Esprit comme d’une fontaine d’eau vive jaillissant dans son cœur et murmurant : « viens, viens vers le Père » (cf. Ad Rom., 6,1-9). Cependant, cette force, la grâce de l’Esprit, n’est pas quelque chose que nous pouvons mériter ou atteindre, mais que nous pouvons seulement recevoir comme un don. L’amour de Dieu ne peut déployer sa force que lorsque nous le laissons nous convertir de l’intérieur. Nous devons le laisser pénétrer l’épaisse carapace de notre indifférence, de notre lassitude spirituelle, de notre conformité aveugle à l’esprit de notre temps. Alors seulement, pouvons-nous laisser cet amour enflammer notre imagination et modeler nos aspirations les plus profondes. C’est pourquoi la prière est si importante : la prière quotidienne, la prière personnelle dans le secret de nos cœurs et devant le Saint Sacrement, et la prière liturgique au cœur de l’Église. La prière est pure réceptivité à la grâce de Dieu, amour en action, communion avec l’Esprit qui demeure en nous, nous conduisant, par Jésus, vers notre Père céleste. Par la force de son Esprit, Jésus est toujours présent dans nos cœurs, attendant calmement que nous fassions silence, que nous entendions sa voix, que nous trouvions notre réconfort dans son amour, que nous recevions sa « force venue d’en haut », qui nous permettra de devenir le sel et la lumière de notre monde. À son Ascension, le Seigneur ressuscité dit à ses disciples : « Vous serez mes témoins … jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1,8). Ici, en Australie, remercions le Seigneur pour le don de la foi, qui est descendu sur nous comme un trésor transmis de génération en génération dans la communion de l’Église. Ici, en Océanie, rendons grâce d’une manière particulière pour tous ces missionnaires héroïques, prêtres et religieux dévoués, parents et grands-parents chrétiens, enseignants et catéchistes qui édifièrent l’Église sur ces terres – des témoins comme Mary Mac Killop, Saint Pierre Chanel, Bienheureux Pierre To Rot et tant d’autres ! La force de l’Esprit, révélée dans leur vie, est toujours à l’œuvre dans les bonnes choses qu’ils ont laissées derrière eux, dans la société qu’ils ont modelée et qui vous est confiée. Chers jeunes, laissez-moi maintenant vous poser une question. Et vous, qu’allez-vous laisser à la prochaine génération ? Bâtissez-vous votre vie sur des fondations solides, construisez-vous quelque chose qui perdurera ? Vivez-vous votre vie de manière à laisser la place à l’Esprit au milieu d’un monde qui veut oublier Dieu, voire le rejeter au nom d’une fausse conception de la liberté ? Comment utilisez-vous les dons que vous avez reçus, la « force » que l’Esprit Saint s’apprête à libérer en vous ? Quel héritage allez-vous transmettre à la jeune génération à venir ? Quelle différence allez-vous faire ? La force de l’Esprit Saint ne fait pas que nous éclairer et nous consoler. Elle nous indique aussi le futur, la venue du Royaume de Dieu. Quelle magnifique vision d’une humanité rachetée et renouvelée pouvons-nous voir dans le nouvel âge promis par l’Évangile d’aujourd’hui ! Saint Luc nous dit que Jésus-Christ est l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu, le Messie qui possède pleinement l’Esprit-Saint afin de le répandre sur tous les hommes. L’effusion de l’Esprit du Christ sur l’humanité est une promesse d’espérance et de délivrance de tout ce qui nous appauvrit. Elle rend aux aveugles la vue ; libère les opprimés, et crée l’unité dans et à travers la diversité (cf. Luc 4,18-19; Is 61,1-2). Cette force peut créer un monde nouveau : elle peut « renouveler la face de la terre » (cf. Ps 104,30) ! Ayant reçu la force de l’Esprit, et s’appuyant sur la riche vision de la foi, une nouvelle génération de chrétiens est appelée à construire un monde dans lequel le don de la vie de Dieu est accueilli, respecté et chéri – et non rejeté, craint comme une menace et détruit. Un nouvel âge dans lequel l’amour n’est pas cupide ni égoïste, mais pur, fidèle et authentiquement libre, ouvert aux autres, respectueux de leur dignité, cherchant leur bien, rayonnant de joie et de beauté. Un nouvel âge dans lequel l’espérance nous libère de la superficialité, de l’apathie et de l’égocentrisme qui affaiblissent nos âmes et empoisonnent nos relations. Chers jeunes amis, le Seigneur vous demande d’être les prophètes de ce nouvel âge, les messagers de son amour, attirant les hommes vers le Père et construisant un futur rempli d’espérance pour l’humanité entière. Le monde a besoin de ce renouveau ! Dans tant de nos sociétés, parallèlement à la prospérité matérielle, se répand le désert spirituel : un vide intérieur, une peur indéfinissable, un sentiment caché de désespoir. Combien de nos contemporains se sont creusé des citernes lézardées et vides (cf. Jr 2:13) dans leur quête désespérée de sens – le sens ultime que seul l’amour peut donner ? C’est le grand don libérateur que nous apporte l’Évangile : il révèle notre dignité d’hommes et de femmes créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance. Il révèle la sublime vocation de l’humanité : trouver la plénitude dans l’amour. Il révèle la vérité sur l’homme et la vérité sur la vie. L’Église aussi a besoin de ce renouveau ! Elle a besoin de votre foi, de votre idéalisme et de votre générosité afin de pouvoir rester jeune dans l’Esprit (cf. Lumen Gentium, 4) ! Dans la deuxième lecture d’aujourd’hui, Paul nous rappelle que tout chrétien a reçu un don destiné à construire le Corps du Christ. L’Église a tout particulièrement besoin des dons des jeunes, de tous les jeunes. Elle a besoin de grandir dans la force de L’Esprit qui, aujourd’hui encore, donne de la joie à votre jeunesse et vous inspire à servir le Seigneur avec joie. Ouvrez vos cœurs à cette force ! Je lance cet appel d’une manière particulière à ceux d’entre vous que le Seigneur appelle à la prêtrise et à la vie consacrée. N’ayez pas peur de dire « oui » à Jésus, de trouver votre bonheur en faisant sa volonté, en vous donnant complètement pour parvenir à la sainteté, et en mettant tout vos talents aux services des autres ! Dans quelques instants, nous célébrerons le sacrement de Confirmation. L’Esprit Saint descendra sur les confirmands ; ils seront « scellés » par le don de l’Esprit et envoyés pour être les témoins du Christ. Que signifie recevoir le « sceau » de l’Esprit Saint ? Cela signifie être marqué de manière indélébile, transformé de manière inaltérable, être une nouvelle création. Pour ceux qui ont reçu ce don, rien ne sera comme avant ! Être « baptisé » en un seul Esprit (cf. 1 Co 12,13) signifie être embrasé de l’amour de Dieu. Être « abreuvé » de l’Esprit signifie être rafraîchi par la beauté du plan de Dieu pour nous et pour le monde, et devenir à notre tour une source de rafraîchissement spirituel pour les autres. Être « scellé de l’Esprit » signifie ne pas avoir peur de défendre le Christ, laissant la vérité de l’Évangile imprégner notre manière de voir, de penser et d’agir, tandis que nous œuvrons pour le triomphe de la civilisation de l’amour. Alors que nous prions pour les confirmands, demandons que la force du Saint-Esprit ravive la grâce de notre propre confirmation. Qu’il répande ses dons en abondance sur vous qui êtes ici présents, sur la ville de Sydney, sur cette terre australienne et sur tout son peuple ! Que chacun d’entre nous soit renouvelé dans l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de piété, l’esprit d’admiration et de crainte face à la présence de Dieu ! Par l’intercession aimante de Marie, Mère de l’Eglise, que ces vingt-troisièmes Journées Mondiales de la Jeunesse soient vécues comme une nouvelle chambre haute, depuis laquelle, chacun d’entre nous, brûlant du feu et de l’amour de l’Esprit Saint, se mette en route pour proclamer le Christ ressuscité et attirer tous les cœurs à lui ! Amen.



Rendez-vous à Madrid !

L’heure est venue pour moi de vous dire au revoir– ou plutôt, arrivederci! Je vous remercie tous d’avoir participé aux Journées Mondiales de la Jeunesse 2008, ici à Sydney, et je suis impatient de vous revoir dans trois ans. Les Journées Mondiales de la Jeunesse 2011 auront lieu à Madrid, Espagne. En attendant, continuons de prier les uns pour les autres, et témoignons du Christ au monde, avec joie. Que Dieu vous bénisse tous.